Le Monde Arthurien

De Excidio Britanniae, Gildas le Sage (v.540)

De Excidio Britanniae, Gildas le Sage (v.540)

Manuscrit du XIème Siècle

Type A1 : Texte à caractère historique

 

Manuscrits

Un seul manuscrit complet mais endommagé nous est parvenu, il date du XIème siècle. Quelques manuscrits fragmentaires existent par ailleurs, le plus ancien étant celui de la bibliothèque de Reims, qui pourrait dater du IXème Siècle mais qui est très parcellaire.

 

Vers l’Arthur historique

En fait, celui qui aurait dû être le premier auteur arthurien est Gildas Sapiens, le Sage, qui écrit au sixième siècle.

Moine et saint, on lui attribue entres autres une Lorica, un Pénitentiel, et surtout le texte De la Décadence de la Bretagne, qui est constitué d’une introduction, d’une histoire de la Bretagne, d’une admonestation aux Rois de Bretagne, et d’une autre destinée à l’Eglise de Bretagne.

C’est dans la partie histoire que se trouvent les éléments les plus intéressants. Première constatation : Gildas ne cite que très peu de noms. En fait, pour le Vème Siècle, deux seulement : Agitius (sans doute Aetius – le manuscrit le donne « trois fois consul » ) et Ambrosius Aurelianus. Pas la moindre trace d’Arthur. Or, Gildas parle de la bataille du Mons Badonicus, le mont Badon, qui aurait eu lieu l’année de sa naissance (et qui fut par la suite associée à Arthur), et dit ensuite « les guerres extérieures ont bien cessé », ce qui correspond à ce que disent les textes plus tardifs.

Le seul texte avéré d’un contemporain du Roi Arthur n’en fait donc pas mention… 

 

C’est le premier et le plus gros doute concernant l’existence d’un Arthur historique. D’un côté, on voit mal comment un contemporain aurait pu ne pas mentionner un chef de guerre ayant l’aura d’Arthur. D’un autre côté, on sait que certaines fois il est difficile d’être reconnu de son vivant. De plus, les Vies plus tardives de Gildas le Sage lui attribuent une inimitié profonde pour le Roi Arthur, suite à une sombre histoire de famille…

Ces Vies brouilleraient-elles Arthur et Gildas pour expliquer l’omission du premier par le second ? Peu probable : en effet dans celles-ci Arthur apparaît comme un personnage résolument négatif ; il serait étonnant qu’elles aient pour fin de faire croire à son existence. Il est beaucoup plus raisonnable de penser que Gildas a omis de mentionner Arthur.

Il est peu probable que les Vies puissent donner la véritable raison de cette omission. Par contre, comme le faisait remarquer un historien britannique, qui, quarante ans après Waterloo, dirait « quarante années de paix ont suivi la bataille de Waterloo,qui a été gagnée par Wellington » ? La meilleure raison de ne pas mentionner un vainqueur est que tout le monde le connaisse.

Si Gildas ne nous permet pas d’affirmer avec certitude l’existence d’un Arthur historique, il ne permet pas en tous cas d’infirmer la possibilité. Par contre, il permet de préciser le contexte historique global de l’époque, et constitue la première mention du « siège du Mont Badonique », qui sera plus tard (au IXème siècle) associé avec Arthur. Il permet aussi d’affirmer que cette bataille marqua un coup d’arrêt à l’invasion saxonne pendant près d’un demi-siècle.

 

Voici un bref résumé de la chronologie de Gildas :

Faits connus

Gildas

   

383-388 Usurpation de Maximus

Usurpation de Maximus

 

L’île ploie sous le poids des Scots du Nord-Ouest et des Pictes du Nord

410 : Sac de Rome ; les Bretons écrivent à Honorius, qui leur répond de se protéger eux-mêmes (Zosime)

 

 

Les bretons envoient une ambassade et Rome leur envoie une légion qui construit un mur en motte de terres d’une mer à l’autre.

 

La légion rentrée chez elle les envahisseurs reviennent.

 

Nouvelle ambassade et nouveau retour des romains ; « course de marins et déploiement de cavaliers »

 

Les romains avertissent les bretons qu’ils ne les aideront plus, et construisent un mur de pierre d’une mer à l’autre ; érigent des tours au sud de l’île.

 

Les Scots et Pictes reviennent ; ils prennent « aux milices indigènes » la région jusqu’au mur. Les cités sont délaissées et les citoyens s’enfuient loin de la muraille.

V429 : Germanus et lupus en Bretagne

 

 

 

445 : Attila fait tuer Bleda

 

 

Un appel est fait à « Agitius, ter consul ». (Aetius : 446 ? ou 425-469 ?) (Aegidius si le ter consul est un ajout tardif : v.450-465 ?)

Janvier 447 : tremblement de terre, causant peste et famine.

 

 

Famine qui pousse certains à aller vers les envahisseurs ; d’autres se réfugient dans les montagnes,

 

Première fois que les Bretons infligent des pertes à l’ennemi. Les Irlandais reviendront peu après ; les pictes s’installent définitivement.

 

Durant la trêve, la prospérité et l’abondance reviennent. Rois corrompus.

 

Une peste fond sur la Bretagne, entassant les corps et tuant « sans épée »

 

Un conseil et le « superbe tyran » décident de faire appel aux Saxons.

448 Mort de Saint Germain.

 

450 : Marcien est fait Empereur.

 

 

3 quilles de saxons arrivent. Les oracles disent qu’ils occuperont l’île 300 ans et qu’ils la dévasteront 150 ans.

 

Les saxons s’emparent de la partie orientale de l’île.

 

Arrivée d’autres saxons.

 

Les Saxons demandent de plus en plus de vivres ; ils finissent par ravager l’île « d’une mer à l’autre ».

 

Les bretons se réfugient dans les montagnes ou émigrent de l’autre côté de l’Océan.

 

Les Saxons regagnent leur base et les bretons se réorganisent.

 

Ambrosius Aurelianus devient leur chef et remporte des victoires.

 

Victoires de part et d’autre.

 

Victoire du Mons Badonicus, 44 ans et un mois (après l’arrivée des saxons)(avant la rédaction du texte), année de la naissance de Gildas.

 

Période de paix

 

Rédaction du texte : 5 rois vivants :

Constantin de Domnonée

Aurelius Caninus

Vortipor de Demetie

Cuneglasus

Magloconus

 

Vers l’Arthur légendaire

Si Gildas ne mentionne pas Arthur, il parle par contre d’un « superbus tyrannus » qui aurait invité les Saxons en Bretagne – rôle qui sera tenu plus tard par Vortigern -, parle du « Mons Badonicus », et nomme Ambrosius Aurelianus comme un chef ayant des parents qui ont « porté la pourpre », et qui sera plus tard fait oncle d’Arthur.

 

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